L’avocate liégeoise Sibylle Gioe, nouvelle présidente de la Ligue des droits humains

Namur, le 1er juin 2024

Du changement à la présidence de la Ligue des droits humains ! Sibylle Gioe prend la succession d’Edgar Szoc ce 1er juin 2024. Cette avocate liégeoise est active sur plusieurs fronts : droit des étrangers, droit des femmes, discriminations, démocratie et État de droit. Vice-présidente de la Ligue des droits humains depuis deux ans, son mandat débute à quelques jours du triple scrutin qui risque de voir l’extrême droite monter en puissance en Belgique et en Europe.

Le fil rouge de son engagement ? Les droits humains et la défense des minorités. Sibylle Gioe, avocate spécialisée en droit des étrangers, devient la nouvelle présidente de la Ligue des droits humains. Depuis plus de 10 ans, elle défend, au quotidien, les personnes migrantes, demandeuses d’asile et sans-papiers, lors de leurs différentes procédures, ce qui l’a conduite plusieurs années de suite, à défendre des personnes qui arrivaient dans le camp de Moria, à Lesbos en Grèce, avec l’association European Lawyers in Lesbos.

Avocate de terrain, active également dans des dossiers de lutte contre les discriminations ou de défense des militant·es, Sibylle Gioe a collaboré avec l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes pour la rédaction de la loi “Stop féminicide”, la première loi européenne visant à lutter contre les féminicides, ces meurtres de femmes parce qu’elles sont des femmes. En 2023, le gouvernement wallon a également mis à l’honneur Sibylle Gioe, en tant qu’Étincelle de Wallonie, aux côtés d’une vingtaine d’autres personnalités.

Montée de l’extrême droite

Cette nouvelle présidence de la Ligue des droits humains survient à quelques jours d’un triple scrutin aux enjeux très lourds puisque les sondages présagent un score-record du Vlaams Belang qui pourrait devenir le premier parti de Belgique et une percée inédite des partis d’extrême droite au Parlement européen.

“Si cette montée puissante de l’extrême droite se confirme, on peut craindre que les questions d’État de droit et de libertés publiques, déjà piétinées lors de cette législature, deviennent plus fragiles encore”, épingle Sibylle Gioe qui a épluché dernièrement pour le journal Le Soir, avec les politologues François Debras et Jean-Yves Camus, le programme du Vlaams Belang. “Le positionnement de ces partis extrémistes vis-à-vis des personnes migrantes est le révélateur, le miroir de ce à quoi l’extrême droite peut conduire, en termes d’exclusion, de mesures anticonstitutionnelles et de violences institutionnelles”.

“La montée en puissance de l’extrême droite et la porosité de ses idées à d’autres partis démocratiques conduit déjà la Ligue des droits humains à adopter une posture de plus en plus défensive, à défendre les droits acquis, plutôt que de tenter d’en élargir la portée, comme c’était possible il y a encore quelques années”, ajoute Pierre-Arnaud Perrouty, directeur de la Ligue des droits humains.

Recours en justice mais aussi réinvestir le champ pédagogique

Dans ce contexte où le gouvernement en place s’est illustré par le nombre de décisions de justice qu’il a ignorées, tant des tribunaux belges que de la Cour européenne des droits de l’homme, la Ligue des droits humains entend concentrer son énergie au service des personnes les plus vulnérables et au chevet des fondements de la démocratie, tels que la justice, l’équilibre des pouvoirs et le contrôle démocratique.

Cette vigilance, la Ligue la poursuivra au travers des recours en justice mais aussi en accentuant sa réflexion sur l’éducation. « Ce sont les générations futures qui doivent s’approprier les droits humains et prendre conscience qu’ils sont une condition essentielle à une démocratie, au-delà de tout aspect partisan “ pointe Sibylle Gioe. “Il en va de même pour l’État de droit qui est un prérequis non négociable pour vivre dans une démocratie respectueuse des droits humains, comme se targue de l’être la Belgique. Ce sont sur ces fondamentaux que nous devons mettre l’accent aujourd’hui. »